La famille Jacob ce sont deux frères, leur épouse et leur fils respectifs, tous d’origine allemande. Jules, Erika Kurt/René quittent précipitamment Giessen En Allemagne après la Nuit de Cristal en novembre 1938. Ils s’installent à Lixheim, près de Sarrebourg en France. La famille est française, car les parents de Jules et Max originaires d’Alsace Lorraine sont restés français après leur venue en Allemagne dans les années 1880 (voir le Procès Maurice Papon). Puis en juin 1940, Erika et son fils rejoignent le frère de Jules, Max, installé à Barrouil, petit village de la commune d’Illats en Sud Gironde. Jules les rejoint après sa démobilisation en juillet (il a été mobilisé 4 mois dans une fabrique de munitions). Max et Jules sont bouchers, mais ils ne peuvent plus exercer cette profession, interdite aux juifs. Ils travaillent comme bûcherons.

Le 28 mars 1942, vers 21 heures, Jules et son fils sont allés acheter de la viande à un homme qui avait proposé ce commerce à Kurt (René), deux jours plus tôt. Sur le chemin du retour, alors qu’ils sont à vélo, ils sont contrôlés par un gendarme qui les amène à la gendarmerie de Podensac. Ils sont transférés au camp d’internement de Mérignac le 30 mars.

Entre temps, Le 1er avril 1942, une lettre de dénonciation arrive à la Feldkommandantur, disant que Jules, son frère Max et leurs fils Sally et Kurt (René), « abattent clandestinement bœufs et veaux ». Jules est interrogé le 28 avril.

Erika écrit plusieurs lettres au préfet pour demander la libération de son mari et son fils. La première date du 23 avril 1942 et elle est accompagnée d’un courrier de l’entreprise J. L. Carrière & P. Dutrénit fils aîné, qui dit que leur travail a « toujours donné entière satisfaction » et que leur absence « est énormément préjudiciable » à l’entreprise. La seconde est datée du 4 mai, accompagnée d’une attestation de la mairie d’Illats concernant l’abattage d’un cochon. Une autre le 12 mai, puis une autre le 20 juin.

Kurt (René) est libéré, mais son père Jules, est transféré à Drancy et déporté à Auschwitz le 23 septembre 1942 par le convoi 36. Il va survivre à la déportation, après être passé par 11 onze camps.

Le 11 janvier au matin, les gendarmes viennent arrêter la famille Jacob. Erika , leur dit que son fils travaille dans le bois. Les gendarmes partent le chercher. Elle a le temps de prévenir René Tauzin, ami de Kurt qui court le chercher et va le cacher plusieurs jours, jusqu’à ce qu’il quitte Illats et rejoigne le maquis. René Tauzin sera reconnu Juste parmi les nations en 1997. Le dossier de résistant de Kurt (qui est nommé dès lors René), date son entrée dans le maquis de Châteauneuf-la-Forêt sous les ordres du colonel Georges Guingouin au 20 janvier 1944. Il participe à de nombreux combats contre les allemands, des parachutages et transports d’armes. Erika, la mère de René, son oncle et sa tante, Max et Selma Jacob sont arrêtés par les gendarmes le matin du 11 janvier 1944, transférés à Drancy le 12 et déportés le 3 février à Auschwitz Birkenau par le convoi 67, où ils sont assassinés.

  • Liste convoi 67 - Source : Mémorial de la Shoah
  • Erika Jacob

    Erika Jacob – Loeb est née le 14 janvier 1898 à Berstadt en Allemagne. Elle habite avec son mari et son fils à Giessen en Allemagne, qu’elle fuit après la Nuit de Cristal pour se rendre à Lixheim près de Sarrebourg. Là, elle aide donne des soins à des soldats français et soigne un blessé à son domicile. Mais alors que son mari est mobilisé dans l’armée française, elle fuit à nouveau avec son fils devant l’avancée des allemands et se rend chez son beau-frère et sa belle-sœur à Barrouil dans la commune d’Illats. Le 28 mars 1942 son mari et son fils sont arrêtés alors qu’ils transportaient de la viande après 20 heures. Erika écrit plusieurs courriers à la préfecture pour qu’ils soient libérés. Elle y explique aussi, que son mari et son fils absents, elle n’a plus aucun revenu, et ne peut pas travailler du fait de son mauvais état de santé. Son fils René (qui porte le nom de Kurt sur le document de recensement des israélites) est finalement libéré, mais Jules son mari est transféré à Drancy et déporté à Auschwitz.

    Le 11 janvier 1944 au matin, quand les gendarmes viennent pour les arrêter, Erika leur dit que René son fils est dans les bois. Les gendarmes partent le chercher, annonçant qu’ils repasseront après. Pendant ce temps elle part prévenir René Tauzin l’ami de son fils qui lui-même court prévenir son ami. Puis elle revient chez elle pour prendre des affaires, mais les gendarmes sont là et l’arrêtent en même temps que sa belle-sœur et son beau-frère, Max et Selma.

    Elle est enfermée à la synagogue de Bordeaux, transférée à Drancy le 12 janvier et à Auschwitz Birkenau le 3 février 1944 par le convoi 67, où elle sera assassinée.

  • Max Jacob

    Max Jacob est né le 17 mai 1890 à Grossen Busech. Il exerce la profession de boucher, avant que ce ne soit interdit aux juifs.

    Le 1er avril 1942, Max est dénoncé par lettre anonyme, en même temps que son frère, son fils et son neveu, pour avoir abattu clandestinement bœufs et veaux de la région. Une enquête est menée et conclut que Max et son fils n’ont pas tué de bétail, mais acheté un cochon, en compensation de cartes de viande qui lui ont été retirées par la mairie pour un temps correspondant.

    Le 11 janvier 1944 au matin, Max Jacob est arrêté par les gendarmes en même temps que sa femme Selma et sa belle-sœur Erika. Il est enfermé à la synagogue, transféré à Drancy le 12 et déportée le 3 février 1944 par le convoi 67 à Auschwitz Birkenau, où il est assassiné.

  • Selma Jacob

    Selma Jacob est née à Pederlsheim en Allemagne le 28 mars 1891. Elle habite à Barrouil sur la commune d’Illats avec son mari Max et son fils Sally. En juin 1940, sa belle-sœur Erika et son neveu René (Kurt) les rejoignent, puis son beau-frère Jules un mois plus tard.

    Elle est arrêtée à son domicile par les gendarmes le 11 janvier 1944, en même temps que son mari Max et sa belle-sœur Erika. Elle est enfermée à la synagogue de Bordeaux, transférée à Drancy le 12 et déportée le 3 février 1944 par le convoi 67, au camp d’extermination d’Auschwitz Birkenau, où elle est assassinée.